Ce matin, en Belgique, en France, en Italie, aux Etats-Unis, ailleurs encore, des enseignants ont installé un MC dans leur classe, et ont posé un pion sur la case mauve … comme vous nous avez appris à le faire Frédérique.

D'autres ont proposé à leurs élèves certaines de vos histoires détectives, d'autres encore, qui ne connaissent même pas votre nom, ont couvert le tableau de flèches multicolores.

 

Et tous, aujourd'hui, ils sont un peu orphelins, car ils sont, nous sommes, comme le dit si joliment votre petite cousine Anne,    vos enfants en la mathématique.

 

 

Mais ce n'est pas tout.

Comme le disait hier cette amie américaine, qui a travaillé avec nous au CSMP : "Frédérique, elle n'a pas seulement changé ma manière d'enseigner, elle a changé ma vie". Je crois que c'est vrai pour beaucoup d'entre‑nous. En tout cas, c'est vrai pour moi.

 

 

 

Certains affirment : "Le vrai tombeau des morts c'est le cœur des vivants". Mais nos cœurs à nous ne seront jamais des tombeaux, car vous vivez dans nos cœurs, Frédérique.

Vous vivez dans nos cœurs, vous vivez dans nos cours, vous vivez dans nos vies. Et après nous. Et vous vivrez dans le cœur de nos élèves, et puis dans celui  de leurs élèves, et ainsi à jamais …

 

 

C'est pourquoi, au nom de tous vos amis que l'âge ou la distance tiennent éloignés de nous en ce jour, au nom de tous vos enfants en la mathématique, au nom de Barry, Bernard, Moustapha et les autres chez qui votre patience et votre talent ont apporté un peu de lumière dans les ténèbres du handicap, en leur nom à tous, je ne vous dis pas "Au revoir" ni "Adieu", je vous dis tout simplement "Merci".

 

 


Mais plus encore que de l'enseignante et du chercheur hors pair, ce dont je me souviens aujourd'hui, c'est de votre humour et de votre rire, Frédérique. Un rire léger, tintant comme des clochettes.

Ceux d'entre nous qui vous ont entendu raconter des anecdotes comme celle que je vais évoquer ont entendu ce rire. J'espère qu'ils s'en souviendront également.

Un jour vous escortiez un jeune passablement perturbé dans les rues de Nivelles. Le jeune voit, sur un appui de fenêtre, un carton plein d'œufs. D'un mouvement rapide, sans que vous puissiez intervenir, il jette les œufs par terre et se sauve quelques mètres plus loin.

Lorsque vous m'avez raconté cette histoire, je vous ai demandé :

-     "Et vous, qu'avez vous fait alors ?"

-     "Que voulais-tu donc que je fasse ?" m'avez-vous répondu avec un petit rire, "je  me suis sauvée moi aussi, tiens ! "

 

 

Pour cet humour, pour ce rire, pour votre sens de l'humain, de tout cœur, "Merci" Frédérique.

 

Christiane Vandeputte