Le décès de Frédérique Papy, "notre" Tantic, provoque un long retour en moi-même et un regard nostalgique dans le rétroviseur.

Début 1958, j'ai rencontré Frédérique dans son austère bureau de direction de la sévère école normale d'Arlon.

Une grande fille toute simple, cheveux lisses, longue jupe, talons plats, elle devait avoir 37 ans, parlait peu et souriant à l'enfant que j'étais, licenciée en mathématiques et désignée pour former les maîtres!

L'accueil un peu déroutant ne laissait pas présager le rapprochement immédiat, la communion d'idées et la profonde amitié qui s'ensuivrait.

Elle a aimé ma façon d'appréhender la classe, elle a voulu me former à sa pédagogie et réussi à m'entraîner dans son projet de rénovation de l'enseignement de la mathématique.

Trois mois plus tard, alors que j'étais en poste à Andenne, je retournais en W.E. à Arlon en invitée, participais à des rencontres de mathématiciens et prenais la parole dans des congrès pour relater nos expériences.

Puis ce fut le choc de la rencontre, avec PAPY, en Ecosse à Saint-Andrews, un coup de foudre réciproque, des projets d'avenir avec Isabelle et René sous l'œil attendri de Frédérique et la protection de nombreux amis comme Léon et Gilberte Capiaux.

Ensuite, timorée j'ai pris peur, renoncé à cet amour dévorant. Nous avons beaucoup souffert, Georges était déchiré.

Frédérique a compris, entrepris et réussi à construire avec lui un couple hors du commun pour une longue vie dont nous avons tous partagé la richesse intellectuelle, et humaine.

La tolérance, l'intelligence, l'ouverture d'esprit a permis que Georges, Frédérique et moi restions amis. Ils m'ont toujours accompagnée avec indulgence dans ma vie de femme, de mère et de professeur. Elle est devenue Tantic et lui Papillon.

Aujourd'hui la grande Frédérique s'en est allée, il nous reste son souvenir, son œuvre et partout les traces de son intervention. Il nous reste les multiples rencontres, les lectures, les leçons de vie, de choses et de pédagogie de la mathématique, la mer, le Zwin, etc…

Nous ne la verrons plus rire de bon cœur ou s'émerveiller devant Papy, penser longuement puis décider vite, s'analyser et analyser les autres pour progresser, se dépouiller, se nourrir comme un oiseau, écouter de la musique, admirer un tableau, être résolument moderne tout en respectant profondément le passé….

Reste Papy, qu'elle a voulu soigner jusqu'au-delà de ses propres forces en acceptant tous les jours les détours incompréhensibles de sa pensée et en palliant ses lacunes en s'imposant avec lui une petite marche, jusqu'à celle qui fut fatale.

Qu'Isabelle, Alexandre et les autres prennent la suite de leur mieux, il reste un tout grand bonhomme que nous aimons beaucoup.

 

 

 

Maddy Noël-Lepropre